Le Blog Argentique

Si l’idée de développer, scanner, ou même de tirer tes photos argentiques par toi-même t’as déjà traversée l’esprit, tu es sûrement arrivé dans l’un des meilleurs endroits possibles. Que tu cherches à simplement limiter le coût du développement, ou que tu souhaites découvrir comment on tire ses photos, on va voir comment il est possible de se créer un mini-laboratoire photo argentique chez soi avec 3 fois rien.

Pourquoi créer son laboratoire ?

Créer son laboratoire photo argentique à la maison est en fait assez simple. Il y a de ça quelques décennies, nombreux étaient les passionnés de photographie à développer eux même leurs pellicules. Pratique et économique, c’était un bon moyen d’éviter les aller-retour au laboratoire, tout en maîtrisant les coûts de ses photographies.

Aujourd’hui, développer et scanner une pellicule coûte le plus souvent entre 12 et 18€ en laboratoire. Et comme nous l’avions vu dans l’article « Est-ce moins cher de développer soi-même ses pellicules ? », Le côté économique de cette pratique est encore bien d’actualité. Quand on sait que développer soi-même une pellicule coûte entre 1 et 3€, il y a de quoi se poser la question de le faire directement à la maison.

Développer, scanner, tirer : on fait quoi au laboratoire ?

Avant de se lancer dans un projet de home-lab comme on aime les appeler, il faut savoir que lorsque qu’on parle d’un laboratoire argentique, il y a en réalité 3 différentes tâches qui peuvent y être faites. Et lorsqu’on créé un laboratoire à la maison, on ne les fait pas forcément toutes.

• Le développement : C’est l’étape la plus connue, en développant une pellicule, on va révéler les images qui y sont présentes, et de les rendre insensibles à la lumière. C’est ici qu’on transforme la pellicule en bandelettes d’images, qu’on appelle souvent par abus de langage des négatifs, mais ils peuvent aussi être positifs.
• La numérisation : Ici le but va être de transformer les images obtenues lors du développement en image numérique, comme si elles avaient été photographiées avec un appareil photo classique. C’est une étape facultative, mais nécessaire quand on veut partager ses photos, et les poster sur les réseaux sociaux.
• Le tirage : Si à partir de l’image obtenue lors de la numérisation on peut imprimer numériquement les photographies, on peut aussi les “imprimer” directement depuis le film de la pellicule, en faisant un véritable tirage argentique. Ca s’appelle un agrandissement, et c’est le fait de transférer l’image de la pellicule sur un papier photo argentique.

Trouver le lieu idéal

Pour développer des photographies argentiques ou pour faire des tirages papiers, on a besoin d’une chambre noir (c’est inutile dans le cas de la numérisation). En effet, le film contenu dans la pellicule, tout comme le papier photo sont extremement sensibles à la lumière. On doit les manipuler dans le noir le plus complet pour ne pas détruire tes photos. La première étape est donc de trouver une pièce qui peut être facilement plongée dans le noir complet.

Si aucune pièce ne convient, il va falloir ruser. Pour développer une pellicule on n’a besoin que de très peu de place dans le noir. On peut utiliser ce qu’on appelle un manchon de chargement. C’est un petit sac entièrement isolé de la lumière qui permet de faire les manipulation dans le noir complet n’importe où.

Mais pour ceux qui ont des projets plus grands, et notamment qui veulent tirer leurs photos, il va falloir un peu plus de place. Si tu ne veux pas transformer une piece complete, il existe des tentes spécialement dédiée à la photographie qui permettent de créer une chambre noire n’importe où.
Attention néanmoins, ça demande de la place.

Développer ses pellicules à la maison

Le pôle développement des pellicules est l’élément de base d’un laboratoire photographique. C’est là où on transforme les pellicules, sensibles à la lumière, en bandelettes de photos pouvant être manipulées sans crainte.

Les techniques de développement

Le principal à savoir est que les pellicules sont divisées en 3 catégories : les noir et blanc, les couleurs, et les inversibles, qui correspondent chacun à un procédé de développement différent : le procédé noir et blanc, le C41, et le E6, dont chacun nécessitent des produits chimiques différents. Et si la base est la même pour tous, il faut quand même savoir que développer des pellicules en noir et blanc nettement plus simple que les pellicules couleurs et inversibles qui demandent plus de matériel et de rigueur.

Le matériel

Pour développer des pellicules noir et blanc, globalement tu auras besoin principalement d’une cuve de développement. C’est l’élément indispensable dont tu ne pourras pas te passer. Pour une cuve capable de développer 1 à 2 pellicules à la fois il faut compter 30 à 40€ si tu la prends neuve, un peu moins si c’est une cuve d’occasion comme tu peux en trouver sur la brocante du Blog Argentique.

Pour développer des pellicules couleur ou des inversibles, en plus d’une cuve de développement, il va aussi falloir tenir les produits chimiques au bain marie à des températures très précises.

La solution idéale est d’obtenir un chauffage à circulation réglable. Si certains se débrouillent en bricolant des chauffages d’aquarium, il existe des chauffage dédiés comme le Cinestill TCS-1000. Et pour ceux qui veulent aller plus loin et avoir un vrai laboratoire, il existe aussi des processeurs. Ce sont des machines semi-proffesionnelles qui s’occupent de gérer la température et de remuer la cuve automatiquement.

Et pour savoir comment on développe des pellicules couleur (pour les inversibles le principe est le même, seuls les produits changent) c’est par ici

Scanner ses pellicules soi-même

Pour scanner ses pellicules il y a deux écoles. Tout dépend de si on souhaite avoir des scans de qualité pour retravailler ses images, ou simplement des scans suffisant pour partager ses photos sur les réseaux sociaux.

Avec son téléphone ou son appareil photo numérique

Il est possible de scanner ses négatifs en les photographiant avec son téléphone ou avec un appareil numérique. Et bien que la technique ne soit pas parfaite, elle peut permettre de numériser vos photos sans dépenses supplémentaires, ce qui est plutôt sympa pour les budgets réduits.

Avec cette technique, on obtient des images pas forcément très qualitatives, mais ça peut largement suffire pour les partager sur les réseaux sociaux.

Avec un scanner à pellicule

Acheter un bon scanner à négatif coûte cher. Comptez au minimum 200€ pour obtenir un résultat qui en vaut la peine. Du coup, c’est rentable uniquement à condition de faire beaucoup de pellicule. Si vous faites une pellicule tous les 6 mois, c’est tout de suite beaucoup moins intéressant.

Si vous souhaitez acheter un scanner à pellicule qui puisse vous donner des photographies dignes d’un laboratoire, je vous redirige vers cet article qui parle de comment bien choisir son scanner :

Faire des tirages soi-même

L’élément le plus important pour faire des tirages en argentique c’est l’agrandisseur. Il en existe de toutes les tailles et de tous les âges. Neuf ça coûte 3 reins (voire 4). Et si vous n’avez pas 1000€ à mettre dans votre rêve de laboratoire photo argentique, pensez à aller voir du côté des sites d’occasions, ou à jeter un oeil sur la brocante du Blog Argentique où vous pouvez de temps en temps trouver des agrandisseurs d’occasion entièrement révisés. Comme un agrandisseur prend pas mal de la place, et que très souvent, ils n’ont pas servi depuis des décennies, beaucoup de gens les vendent pour quelques bouchées de pain. Vous pouvez trouver assez facilement des agrandisseurs complets pour une centaine d’euros.

Le choix de l’agrandisseur

Choisir un agrandisseur c’est la phase la plus périlleuse, on trouve des informations qui se contredisent totalement en cherchant sur internet. Pas facile de s’y retrouver. Assez souvent une personne n’aime pas une marque pour x ou y raison, et du coup, il dira que l’agrandisseur est forcément mauvais. En toute honnêteté, je vous conseille de passer outre les avis que vous croiserez sur les forums. Tous les agrandisseurs ont leurs avantages et leurs défauts, c’est vrai. Mais tous font leur travail avec plus ou moins de praticités. A partir du moment où il est complet, et qu’il a été stocké correctement pour éviter rouille, champignons, et tout autre élément pouvant le détériorer. Il n’y a pas de raisons que l’agrandisseur soit mauvais au point de ne pas pouvoir faire de tirages.

Pour quel format de pellicule ?

Pensez simplement à vérifier quel format de pellicule il peut tirer. Tous ne fonctionnent pas pour tous les types de pellicules. En plus, il faut souvent des éléments spécifiques à chaque format. Si ce dernier a tous les éléments pour faire des 24×36 mais pas pour les autres, vous ne pourrez faire que du 24×36, et ce, même si l’agrandisseur est prévu pour fonctionner avec d’autres formats.

L’objectif de l’agrandisseur

Enfin, l’objectif qui est dessus compte aussi. Suivant les formats, on n’utilise pas le même objectif. On prend, en général, des 50mm pour tirer des 24×36, des 80mm pour des 6×6 et des 105mm des 6×9. En plus de cela, leur qualité peut varier suivant les modèles. On conseille de préférer les objectifs qui embarquent 6 lentilles face à ceux qui n’en ont que 4, car ils sont de meilleure qualité. Mais cela ne vaut que si ce dernier est en bon état, il ne doit pas avoir de rayures ni de champignons pour donner tout son potentiel.

Je vous mets un PDF contenant une bonne liste d’objectifs avec les formats de pellicules qu’ils peuvent agrandir et le nombre de lentilles dont ils disposent.

Le matériel

Le gros problème quand on prend un agrandisseur, c’est qu’il implique d’obtenir pas mal d’éléments annexes avant de pouvoir tirer soi-même ses photographies. On va donc parler de tout ce qui vient en plus de l’agrandisseur. Encore une fois, fouiner un peu dans les sites de vente entre particulier vous permettra de faire de belles économies.

Obligatoire

• Du papier photo argentique, et oui, sans ça, on va avoir du mal à produire des tirages
• Des chimies (encore), en noir et blanc vous n’aurez que le révélateur qui va être spécifique au papier, les autres produits sont en général utilisables pour les pellicules comme pour le papier.
• Au moins 3 bacs pour tremper les photos dans les chimies, un 4e pour laver les tirages est quand même bien pratique
• Des pinces pour aller récupérer les photos dans les bacs sans devoir y plonger les mains
• Du fil de fer et des pinces à linge (ou un étendoir à linge) pour faire sécher ses photos
• Un Scoponet (aussi appelé vérificateur de mise au point) pour vérifier la mise au point de l’agrandisseur
• Une lampe inactinique, ce sont ces fameuses lampe, souvent rouges, qui permettent d’avoir de la lumière sans exposer le papier argentique. A noter qu’avec des tirages couleur vous pouvez oublier, il faut absolument tout faire dans le noir. Mais pour faire des tirages noir et blanc c’est quasiment indispensable.

En option

• Un margeur. Ça coûte souvent autour des 200€ neuf (encore un rein de plus), mais ça permet d’avoir le papier bien à plat et placé au bon endroit très facilement sous l’agrandisseur. C’est donc avant tout un outil qui permet de se faciliter la vie et de gagner du temps. En plus, comme son nom l’indique, on peut faire des marges blanches sur les photos.
• Des filtres gradués, si vous faites des tirages noir & blanc, vous utiliserez certainement du papier multigrade. Ces filtres permettent de contrôler le contraste des images lorsqu’on utilise ce genre de papier.

Et pour ceux qui veulent aller plus loin et apprendre à tirer leurs photographies grâce à un agrandisseur, voici tout ce qu’il vous faut :