En photographie argentique, que vous alliez faire développer vos pellicules en laboratoire, ou que vous les développiez vous-même, vous avez sans doute déjà entendu parler de traitement croisé. Cette technique est souvent vue comme un moyen un peu magique d’obtenir des photographies au style unique, avec des couleurs, et un résultat très différent de celui attendu normalement.
Un peu comme avec des pellicules argentique périmées, on peut alors obtenir des teintes et des contrastes très particuliers et assez imprévisibles. Mais alors du coup, c’est bien mignon d’avoir un joli résultat, mais c’est quoi concrètement le traitement croisé ?
Les procédés de développement argentique
Pour comprendre ce qu’est le traitement croisé, il faut simplement comprendre comment sont développées les pellicules argentiques. Comme on en parlait précédemment quand on se demandait quel procédé utiliser pour développer ses pellicules, il existe 4 grands procédés de développement argentique utilisés en laboratoire (en réalité il y en a bien plus, mais ce sont les 4 plus courants). Chaque type de pellicule argentique est prévu pour être développé avec un procédé de développement particulier.
On retrouve ainsi le procédé Noir et Blanc, qui, comme son nom l’indique, permet de développer des pellicules noir et blanc. Le procédé C-41 qui permet de développer des pellicules couleur. Le procédé E-6 qui permet de développer des pellicules inversibles, qu’on appelle aussi les diaporamas. Et le procédé ECN-2 qui permet de développer les pellicules cinéma.
Si pour toi la notion de pellicules couleur, inversible, et cinéma est floue, voici un article où on parle plus en détail des différents types de pellicules.
Traitement croisé : et on change de partenaire !
Si jusque-là tout paraît très clair et encadré, le principe du traitement croisé est justement de mélanger un peu tout ça. Autrement dit, plutôt que de suivre les consignes des fabricants, on va développer nos photographies avec un procédé qui n’est pas prévu pour la pellicule utilisée. C’est d’ailleurs exactement ce qu’on avait fait quand on a développé une Ilford XP2 avec le procédé noir et blanc.
Pour les pellicules noir et blanc on n’a pas d’autre choix que d’utiliser des produits qui leurs sont dédiés, mais pour les autres, d’un point de vu technique, on peut faire à peu près toutes les combinaisons possibles. Seulement, dans la pratique, on a tendance à n’utiliser que celles qui donnent de vraiment bons résultats.
Par exemple les pellicules couleur peuvent être développées en noir et blanc, ce qui donne des photos noir et blanc. Et même si ce n’est pas très courant puisque les pellicules noir et blanc sont souvent moins chères pour un meilleur résultat, ça fonctionne parfaitement. Par contre ce qui est nettement plus courant est de développer des pellicules inversibles ou des pellicules cinéma avec un développement C-41, normalement réservé aux pellicules couleur. Et ce, pour la bonne raison que le résultat, au-delà d’être excellent, vient modifier les couleurs et créé des photos uniques en leur genre.
Le résultat d’un traitement croisé
Il y a deux raisons pour lesquelles le traitement croisé est utilisé : la première est purement artistique. Grâce à cette technique, on peut totalement changer le résultat de la pellicule utilisée, et notamment ses couleurs. Le changement le plus impressionnant s’obtient en développant des pellicules inversibles en C-41. Cela produit des pellicules négatives dont les couleurs vont être totalement modifiées, et souvent devenir très saturées, chose qui ne peut pas être obtenue normalement.
Petit conseil à ceux qui veulent tenter l’expérience : pensez à sous-exposer légèrement vos photos, puisque développer une pellicule inversible en C-41 a tendance à rendre les images plus claires d’environ 1 stop.
La seconde raison, quant à elle, est plutôt un souci d’économie. Ceux qui utilisent des pellicules inversibles ou des pellicules cinéma le savent, développer ses pellicules avec les procédés E-6 ou ECN-2 est souvent plus cher. Les développer en C-41 permet de faire quelques économies. En plus, ces procédés ne sont pas proposés dans tous les laboratoires, contrairement au C-41 qui est proposé pratiquement partout.
Enfin, comme les pellicules inversibles se conservent très mal dans le temps, il arrive souvent que leurs couleurs soient rapidement altérées dès qu’elles sont périmées. De ce fait, il n’est pas rare de voir des photographes les faire développer avec le procédé C-41, qui, de toute façon, ne changera plus davantage les couleurs. Donc autant en profiter pour faire quelques économies au passage.
Comment prévoir le résultat de sa pellicule ?
Si vous vous essayez au traitement croisé pour son côté créatif, il faut quand même être conscient que développer ses pellicules ainsi ne garantit en rien un bon résultat. Suivant les produits qu’utilisent les laboratoires, les résultats peuvent beaucoup varier, il est donc difficile de prévoir le rendu final.
Néanmoins, il existe quand même quelques lignes directrices. Suivant les pellicules utilisées, des teintes dominantes font souvent leur apparition. Voici les teintes qu’on observe le plus souvent avec bon nombre de pellicules inversibles.
Vous pourrez ainsi globalement savoir comment réagissent ces pellicules lorsqu’elles sont développées en C-41, même si cela peut grandement varier.