De 1974 à 2007, la célèbre marque de pellicules et d’appareils photo Kodak, disposait d’uranium de qualité militaire sous son siège social situé à Rochester, dans l’Etat de New York. Utilisé pour alimenter un réacteur nucléaire gardé secret pendant plus de 30ans, il ne sera révélé qu’après son démantèlement, suite aux révélations du journal Democrat and Chronicle en 2012.
Un réacteur nucléaire caché dans un bunker
Situé derrière de solides murs de 60cm d’épaisseur, Kodak cachait précieusement un réacteur nucléaire CFX, aussi appelé multiplicateur de flux de neutrons californium. C’est un réacteur de petite taille destiné à la recherche, dont seuls une poignée d’exemplaires sont connus dans le monde.
Ces derniers fonctionnent grâce à de l’Uranium enrichi à plus de 80%, dit « de qualité militaire », normalement destiné à la fabrication d’armement nucléaire. Malgré tout, les réacteurs CFX étant à peine plus gros qu’un frigo, ces derniers utilisent assez peu de matière radioactive. Seuls 1.6kg d’uranium hautement enrichi ont été extrait lors de son démantèlement, alors qu’il faut au moins 50kg pour atteindre la masse critique permettant de produire une bombe.
La direction de Kodak de l’époque indique que son réacteur ne servait qu’à vérifier la qualité des produits utilisés par ses usines, et à effectuer des recherches dans le secteur de la neutronographie, un système de radiographie similaire aux rayons X. Celui-ci n’était, d’après eux, pas entièrement secret, mais il n’avait simplement jamais été ébruité puisque seules les personnes travaillant sur le réacteur connaissaient son existence.
Du matériel inaccessible à des sociétés privées
Selon les experts du Centre d’étude pour la non-prolifération James Martin (James Martin CNS), principale ONG luttant contre le développement des armes de destruction massive, il est étonnant que personne n’ai jamais entendu parler de ce réacteur au vu des risques encourus, même les autorités locales n’en avaient pas connaissance.
De plus, depuis les attaques du 11 septembre 2001, les accès aux éléments nucléaires sont particulièrement surveillés. D’autant plus dans le cas d’uranium hautement enrichi, pouvant être utilisé dans des armements nucléaires. D’après les experts du CNS, c’est une situation particulièrement étrange puisque les sociétés privées ne peuvent pas avoir accès à ce genre d’éléments.