Aux débuts de la photographie la plupart des photographies étaient effectuées sur des plaques, le plus souvent en cuivre ou en verre. Elles rendaient aussi la photographie très compliquée puisqu’il fallait remplacer la plaque à chaque photographie, ce qui demandait de la place, mais aussi un certain savoir-faire pour les conserver et les développer.
Mais dès 1888, le premier appareil photo “The Kodak”, dont on a déjà parlé dans l’article sur l’évolution des appareils photo argentiques, utilisait pour la première fois un rouleau de film argentique, avant de laisser place aux premières véritables pellicules argentique dans le but de faciliter la photographie. Mais ces pellicules, appelées “films nitrates”, étaient particulièrement dangereuses…
Les pellicules nitrates boudées car dangereuses
Si l’arrivée des pellicules argentiques peut avoir l’air d’une avancée technologique immense, les plaques photographiques utilisées jusqu’alors n’ont pas été mises au placard pour autant. Très nombreux sont les photographes à avoir boudé l’invention créé par Kodak tant elle était dangereuse.
Ces pellicules, tout comme les bobines destinées au cinéma, étaient produites à base de nitrate de cellulose jusqu’à la 2e guerre mondiale. Cette matière plastique, qu’on appelle aussi la nitrocellulose, servait alors de support souple aux pellicules, c’est grâce à elle si les pellicules pouvaient être enroulées sur elle-même.
La nitrocellulose : un chouette explosif
Mais un peu d’histoire s’impose au sujet de cette fameuse matière. D’abord utilisée au XIXe siècle pour remplacer la poudre noir dans les armes à feu et autres canons, la nitrocellulose était reconnue pour son pouvoir explosif. Le problème étant que même l’infanterie française a rapidement préféré s’en passer, puisqu’ils trouvaient cette matière trop instable pour être utilisée sans danger.
Si cette nitrocellule était utilisée dès les années 1850 pour la photographie avec la technique du Collodion. On l’utilisait alors en toute petite quantité pour créer une fine couche d’accroche sur les plaques photographique. Mais en créant les pellicules nitrate, Kodak a produits des rouleaux de film contenant une concentration en nitrocellulose beaucoup plus forte, et c’est bien ce pourquoi beaucoup ont refusé d’y toucher.
La nitrocellulose est de nos jour classée comme explosif. Particulièrement instable, elle a une fâcheuse tendance à bruler, voire exploser pour un rien. Le problème étant qu’une fois en feu, elle brule extremement bien, et rien ne peut l’arrêter. Même en absence totale d’oxygène, ou sous l’eau, elle continue à bruler en dégageant des gaz fortement irritants. Autant dire que n’importe quel petit départ de feu peut finir en un immense brasier…
Quand les films nitrate deviennent des brasiers
Ces pellicules qu’on appelle aujourd’hui des films nitrate, avaient même obtenues le doux surnom de pellicules “flammes”, et ce pour la bonne et simple raison qu’un rien suffit à les transformer en un incendie monumental.
Au début des années 1900, les incendies étaient devenus si courants qu’une immense partie des réalisations de cette période ont été perdues dans les incendies qui se sont produits aux 4 coins du monde dans les sociétés de production, dans les cinémas, chez les photographes, et même chez de simples amateurs.
De nos jours encore certaines personnes conservent des films nitrates sans avoir conscience qu’ils stockent une bombe à retardement. Encore en 2020, à Vincennes, au bord de Paris, un incendie causé par des films nitrate a emporté 2 victimes.
Fort heureusement pendant l’entre-deux guerre, les efforts pour trouver une alternative aux films nitrates ont permis la découverte d’une alternative moins dangereuse. Les “Safety Film”, littéralement les “Films Sécurisés” qui permettaient d’enfin stocker ses films sans danger. Avec leur mise sur le marché, les films nitrates ont peu à peu disparus avant leur interdiction totale en 1961.
Mais ces nouvelles pellicules ont eu de gros problèmes d’oxydation. Et encore une fois, les films des années 50 n’ont pour la plupart pas réussis à traverser les décennies. Il faudra attendre les années 60 pour enfin trouver des pellicules sûres, et qui peuvent être conservées dans le temps.
Bonjour, votre article m’interpelle. je viens d’acheter 3 films anciens en boites d’origine, format “127”: KODAK V.P. Autographique Speed (expire en 1925), ANSCO Speedex Orthochromatique (expire en 1920) et Planose Films des Ets CELLULOSES PLANCHON Orthochromatique (expire en 1924)… Jolies boites pour ma collection… mais j’ai peur que les films soient en nitrocellulose…. et Boum dans la maison ?! J’aimerai votre avis SVP, pour vider les boites de leurs films dangereux si c’est le cas. Merci par avance de votre réponse, cordialement.
Bonjour,
si elles ne comportent pas de mention “safety film”, au vu de leurs dates d’expiration il y a de bonnes chances pour que ce soit bien des films nitrates.
N’étant pas du tout spécialiste de ces pellicules, je vous invite à contacter des musées de photographie spécialisés dans les périodes anciennes comme le musée Nicéphore Niepce de Chalon sur Saone, ou tenter le coup avec le CNC, ou même la Bibliothèque Nationnale de France qui seront plus à même d’avoir des personnes en capacité de savoir si c’est bien des films nitrates, et ce que vous devez en faire.
En vous souhaitant une bonne journée 🙂