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L’héliographie – La première photographie – 1827

L’héliographie – La première photographie – 1827

De tout temps, les photographes ont tenté de rendre le procédé photographique toujours plus rapide et plus réaliste. Désormais oubliés, le commun des mortels ne connaît maintenant plus que la photographie numérique et, pour certains encore, la photographie argentique. Mais c’est en fait des dizaines de procédés qui ont été mis au point durant le XIXe puis le XXe siècle.

D’abord demandant plusieurs heures d’exposition pour obtenir un cliché, la photographie s’est rapidement améliorée, grâce aux progrès de la chimie, pour devenir plus accessible et plus qualitative. Aujourd’hui méconnus, je vais revenir, dans cette nouvelle série d’article, sur quelques-uns des procédés qui ont menés à la photographie telle qu’on la connaît maintenant.

Dans cette série d’articles disponible ici : L’histoire de la photographie nous allons parler de certains de ces procédés, et notamment de ceux qui ont menés à la photographie moderne. Mais d’abord, commençons par le tout premier procédé mis au point : l’héliographie.

Le tout premier négatif

Nous sommes au début du XIXe siècle, dans l’est de la France, à Saint-Loup-de-Varennes. Nicéphore Niépce, un ingénieur français, s’y installe pour y effectuer des recherches sur la sensibilité à la lumière de différents matériaux. Muni d’une caméra obscura, il tentera pendant près d’une décennie de fixer l’image donnée par sa caméra à l’aide de différents matériaux. Cette boite percée en un seul endroit, lui permet d’obtenir la projection d’une image inversée. Mais toute la problématique est là. Comment transférer cette image sur un support ?

Principe de fonctionnement de la camera obscura

Durant ses recherches, il fait différents essais, notamment à l’aide de chlorure d’argent. Ce produit est déjà connu pour noircir lorsqu’exposé à la lumière. Il obtient ses premier négatifs grâce à cette méthode en 1816. Mais il fait face à une difficulté importante : comment faire pour que le négatif cesse d’être sensible à la lumière une fois l’image prise ? Sans cela, une fois sorti de sa caméra obscura, ils continuent de noircir s’ils sont exposés à la lumière, et l’image disparaît peu à peu.

Une réussite sans succès

En 1817, il obtient des résultats prometteurs à l’aide de résine de Gaïac, une résine végétale produite en Amérique latine et connue en Europe depuis le XVIe siècle. Cette résine passe du jaune au vert lorsqu’elle est exposée à la lumière. Mais, plus intéressant encore, cette dernière, est soluble dans l’alcool uniquement lorsqu’elle est encore jaune. Il était donc capable de fixer le support en dissolvant les restes de résine non exposés. Cependant, si son expérience marche correctement en extérieur, il ne parviendra jamais à la faire fonctionner dans sa caméra. En effet, ce qu’il ne savait pas, c’est que cette résine réagit uniquement aux UV. Ces derniers étant filtrés par l’optique qu’il utilisait, il n’est donc jamais parvenu à créer une image à l’aide de cette méthode.

Pendant les années suivantes, Niépce travaille avec son frère aîné, Claude, à une autre invention, qui met ses recherches photographiques en retrait. Les deux hommes tentent d’améliorer le pyréolophore, l’un des premiers moteurs à combustion interne, créée une dizaine d’années plus tôt. Les frères Niépce, mettront d’ailleurs au point les bases de ce qui deviendra quelques décennies plus tard, le moteur diesel.

La première photographie au monde

A partir des années 1820, il continue son travail de recherche en utilisant cette fois-ci de l’asphalte et du bitume de Judée. Tout comme pour la résine de Gaïac, ces produits ne sont plus solubles une fois exposés à la lumière. S’il les utilise d’abord pour reproduire des gravures, cette méthode, nommée par la suite, héliographie, sera quelques temps plus tard, utilisée pour la première fois dans une chambre noir.

En 1827, ce procédé changea pour toujours la photographie. Grâce à une plaque d’étain couverte de bitume de Judée placée dans une caméra obscura, il arrive à créer la première photographie de l’histoire. Et cette fois-ci, elle est fixée, et donc non sensible à la lumière. Exposées pendant, celons les sources, d’une dizaine d’heures à plusieurs jours, cette photographie est encore visible aujourd’hui au Centre Harry Ransom aux Etats-Unis.

« Je désigne sous le nom d’héliographie, la découverte qui fait l’objet de cet ouvrage. Elle est due à l’observation d’un phénomène de la lumière presque inaperçu jusqu’ici. »

NICÉPHORE NIÉPCE, 1829

Malheureusement pour lui, le bitume étant noir, il s’agit encore une fois d’une image négative. Malgré tout, avec un éclairage bien orienté à 90°, il est possible de voir l’image en version positive. Quelques mois plus tard, il réussit à utiliser des vapeurs d’iode pour inverser son image et enfin obtenir une photographie positive en toute condition.

Point de vue du Gras
Nicéphore Niépce – 1827
Décrite comme la première photographie permanente

Même si cette première photographie était une grande réussite, le temps d’exposition nécessaire était démentiel. On parle de temps pouvant aller jusqu’à plusieurs jours, impossible de prendre en photo du vivant avec cette méthode. Sa nouvelle mission est donc maintenant de réussir à réduire cette durée.

A partir de 1829, Niépce s’associe avec Daguerre. Grâce à leurs recherches, il mettra au point d’un nouveau procédé, le Physautotype. Qui n’est ni plus ni moins que l’amélioration du procédé utilisé pour le Point de vue du Gras. C’est ce procédé qui servira de base à l’invention du Daguerréotype quelques années plus tard, après la mort de Niepce. Mais ça, c’est pour un prochain article !

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