Hello les lionceaux ! Aujourd’hui on s’éloigne un tout petit peu du sujet de la photographie pour se rapprocher de celui du métier de photographe d’art ! Ici, on va parler de tarification, on va essayer de comprendre comment mettre le bon prix sur un tableau photo.
C’est souvent un sujet qui parait flou et complexe. Et c’est vrai, ce n’est pas toujours simple. Il n’y a pas de règle bien définie qui marche pour tout le monde. Mais il y a quand même des lignes directrices qui permettent de se rapprocher d’un prix cohérent. On va donc essayer de voir comment réussir à fixer un tarif cohérent sur ses tableaux ! A noter que ces lignes directrices sont aussi valables pour une bonne partie des autres types d’arts comme le dessin, la peinture, la sculpture et j’en passe.
Connaître son coût de fabrication
Comme pour n’importe quel produit, que ce soit un yaourt au supermarché ou une oeuvre d’art, on va avoir un coût de fabrication. Pour les photographes ça va être le coût du tirage puis de l’encadrement. En général, on le fait faire par un tiers donc le calcul est relativement simple, suffit de cumuler les prix de chaque étape. Mais, si vous le faites vous même, il va vous falloir calculer le coût de toutes vos matières premières pour arriver à le connaître.
Savoir le coût de revient de vos œuvres est hyper important. Bah oui, le but est quand même de se faire un peu d’argent. Si vous ne savez pas combien vos tirages vous coûtent, vous pourriez les vendre moins cher que ce qu’ils vous rapportent. Et ça pourrait vous mener à perdre de l’argent à chaque vente sans même vous en rendre compte. Ce serait quand même dommage.
La main d’oeuvre
La main d’oeuvre va concerner principalement deux types de personnes, ceux qui fabriquent eux même leur tirage et ceux qui les vendent sous le nom de “Tirage d’art”.
Tout d’abord, pour ceux qui fabriquent eux même leurs œuvres, il va vous falloir mesurer le temps de fabrication de vos tirages. Et oui, si votre oeuvre vous prends 4 jours complets à fabriquer elle n’aura pas le même prix que si elle n’a prix que quelques minutes. Pour cela, il faut donc penser à mesurer ce temps. Parfois ce n’est pas possible d’avoir un temps précis mais avoir un ordre de grandeur peut suffire. Ensuite, une fois connu il ne vous restera plus qu’à lui associer un salaire horaire pour vous permettre de calculer votre rémunération pour le temps passé à sa fabrication. (NB : Le SMIC horaire brut est, en 2020, de 10,15€, pensez à ne jamais vous placer en dessous, le but n’est pas de devenir son propre esclave).
Enfin, pour ceux qui font fabriquer leurs tirages, certains pourraient être tentés de les faire envoyer par le fabriquant directement à leurs clients. Seulement, pour ceux qui vendent leurs photos comme des tirages d’art, vous avez l’obligation de contrôler vos tirages avant de les envoyer à vos clients. Il faut donc les faire venir jusqu’à chez vous, les déballer, pour pouvoir les vérifier avant de les renvoyer. C’est aussi le moment pour les signer et y ajouter un certificat d’authenticité. Toutes ces manipulations, aussi simples soient elles, prennent du temps qu’il faut ajouter à la note finale pour pouvoir le prendre en compte comme un salaire. En fait il faut imaginer que vous êtes votre propre salarié et que vous devez rémunérer se salarier pour tout le temps travaillé, vous allez donc chercher à savoir combien il va vous coûter.
Sont considérées comme oeuvres d’art les (…) photographies prises par l’artiste, tirées par lui ou sous son contrôle, signées et numérotées dans la limite de trente exemplaires, tous formats et supports confondus.
Code général des impôts, annexe 3 – Article 98 A II 7°
Le matériel et les charges
Le matériel
Tout comme une entreprise, quand vous êtes artistes vous allez avoir des dépenses en plus du coût du tirage. Déjà, votre matériel coûte un certain prix. Les photographes le savent, on a du matériel qui coûte un rein 1/2. Il faut donc le prendre en compte dans vos tarifs. Si vous pensez que celui-ci va vous durer 3ans par exemple, il faut que vos ventes des 3 prochaines vous permettent de retrouver au moins la somme investit dans les bénéfices de vos ventes. Sans quoi, quand vous voudrez renouveler vos équipements ou simplement remplacer du matériel HS, vous n’aurez peut-être pas suffisamment d’argent pour le faire.
Les charges annexes
Ensuite pleins de petites charges vont venir s’ajouter, le coût de tout ce qui est annexe à la photographie notamment. Internet, l’électricité, vos assurances, les frais bancaires, bref, tout ce qui n’est pas directement lié à la photo mais qui reste à votre charge quand vous faites votre travail.
Les charges sociales & impôts
Après cela vont venir s’ajouter vos charges sociales et les impôts qui vont venir vous prendre une partie de ce que vous gagnerez sur chaque vente. C’est pas très sympa sur le coût mais c’est ce qui permet de nous payer en cas de chômage ou d’avoir un minimum de revenus en cas de maladie à longue durée, donc dans un sens c’est aussi une sécurité. Manque de chance pour les clients, c’est encore une fois c’est un coût qui va être répercuté sur le prix final des tirages.
Le transport
Enfin, que vous vendiez vos photos dans une galerie d’art, une exposition ou sur votre site internet, vous allez vous retrouver avec des coûts de transport. Combiné aux coûts en papier bulle, en carton et en scotch, un tableau peut vite devenir un colis très cher à envoyer même pour les plus petits d’entre eux. Ce coût va lui aussi venir s’ajouter au prix final.
Prendre en compte la prise de la photographie
Contrairement à un produit plus classique, le coût d’une oeuvre d’art ne s’arrête pas vraiment aux coûts de sa fabrication et de la main d’oeuvre nécessaire. En effet, il faut aussi prendre en compte le temps et le coût de la prise de la photo. Et là tout se complique. Comment faire en sorte d’avoir un prix similaire pour une photo qui ne nous aura rien coûté et n’aura prix que quelques minutes, quand d’autres demanderont des heures de travail et des dépenses faramineuses ?
En fait dans le monde de la photographie artistique, lorsqu’on vend une oeuvre on va venir y appliquer une marge confortable sur son prix. Cette marge varie complètement suivant les artistes. Elle vient prendre en compte de potentiels coûts sur les photographies. Parfois une oeuvre sera bien plus rentable qu’une autre parce qu’elle n’aura quasiment rien coûté à produire. Mais cette rentabilité va servir à compenser d’autres photos qui le seront beaucoup moins.
Cette marge vient aussi régler un autre problème. Quand on vend une photo, si on prend en compte que le coût de cette photo précisément on va vite avoir un problème. Et oui, toutes les autres photographies qu’on produit ont aussi un coût, même celles qui ne seront jamais rendues publiques parce qu’elles peuvent être ratés ou juste ne pas avoir de réel intérêt artistique. Cette marge va donc non seulement venir compenser le fait que d’autres photos puissent coûter plus cher à produire, mais elle va aussi venir compenser le coût de toutes les photographies qui ne sortiront jamais. En fait, c’est elle qui nous permet de continuer l’activité sans trop se poser de question sur combien coûte chaque photographie. Tous les tirages sont alignés sur des prix similaires et les plus rentables viendront compenser les plus coûteuses sans devoir recalculer le prix de chaque photo individuellement. Maintenant c’est à vous de voir combien vous dépensez en moyenne par photographie pour venir l’ajouter au tarif final.
Le nombre de tirages
Enfin, le nombre de reproductions de votre photo va aussi compter pour beaucoup dans le prix. En effet, une photo chez IKEA reproduite à 100.000 exemplaires n’aura pas le même prix qu’une photo tirée à 15 exemplaires. Sachez tout d’abord, qu’au delà de 30 exemplaires (tous formats confondus) vous ne pourrez plus vendre vos tirages comme des tirages d’art et avoir la TVA préférentielle qui va avec. Ensuite, beaucoup de coûts peuvent être répartis entre les tirages. Notamment le coût de la prise de la photographie. Par exemple, si nous voulons garder 100€ par photographie de marge dédiée à financer nos photos. Si on fait un tirage unique il faudra récupérer ces 100€ directement dans le coût de celui-ci. Par contre, si vous en tirez 10, chacune n’aura plus que 10€ à récupérer, vos tirages seront donc de ce fait bien moins chers.
En bref
Finalement, le coût d’une oeuvre d’art peut monter très vite. Généralement les 3 chiffres sont très rapidement atteint sur la moindre photographie. Trouver le bon prix n’est pas chose aisée. Cependant, n’oubliez pas de prendre en compte tous ces paramètres afin de vous permettre de continuer à financer vos futures photographies. Mais finalement au delà de vérifier que vous ne vendez pas à perte, pensez également à vous poser une question simple : a quel prix j’accepte de céder mon travail à un inconnu ?