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Le Papier Salé – Photographier avec du sel ? – 1839

Le Papier Salé – Photographier avec du sel ? – 1839

Parallèlement aux recherches de Niepce et Daguerre qui mèneront au Daguerréotype, d’autres chercheurs travaillent à l’invention de procédés photographiques. Nous partons aujourd’hui pour l’Angleterre, chez William Henry Fox Talbot. Mathématicien, physicien, chimiste, parlementaire, et j’en passe, Talbot est, lui aussi, est un personnage important des débuts de la photographie. Même s’il est bien moins connu que Niépce et Daguerre, il a grandement participé à ce qui deviendra, quelques décennies plus tard, la photographie argentique.

En 1833, lors d’un voyage en Italie, Talbot tente de reproduire des paysages à l’aide d’une chambre claire, un outil permettant de faciliter le dessin. Néanmoins, non-content de devoir dessiner, domaine dans lequel il n’excelle pas vraiment. Il débute des recherches permettant de lui épargner cette tâche. Il comprend rapidement qu’un papier sensible à la lumière lui permettrait de dessiner automatiquement les contours de ses sujets.

« Quel charme serait-il s’il était possible d’imprimer durablement ces images naturelles, et qu’elles restent fixées sur le papier »

Traduction des propos de William Henry Fox Talbot, 1833

Il travaille dès lors sur un projet qu’il appelle le « dessin photogénique ». Il tente, à l’aide de ses connaissances en chimie, de reproduire des objets par contact. Il pense qu’en créant un papier sensible à la lumière, puis en y posant un objet, seule les parties non cachés par l’objet seraient exposé à la lumière. Il serait alors capable d’en créer l’empreinte. Ainsi, les contours de l’objet seraient créés automatiquement sans avoir à les dessiner.

Fougère Capillaire
William Henry Fox Talbot
Date inconnue

Il arrive rapidement à créer le papier qu’il imaginait. Il remarque qu’en couvrant des feuilles de sel de table et de nitrate d’argent, elles se foncent une fois exposées à la lumière. Après avoir placé un élément sur une feuille sensibilisé, il l’expose à la lumière du soleil pendant quelques dizaines de minutes avant de pouvoir en observer le dessin. Il fait d’abord des essais sur toutes sortes d’éléments. Des plantes, des plumes, des tissus, etc… Le papier salé était né. Il donne pour le moment uniquement une image négative et une problématique fait son apparition : comment faire pour que le papier ne continue pas à se noircir une fois l’emprunte effectuée ?

Du sel et du nitrate d’argent

L’idée du papier salé est finalement assez simple. Partant du constat que le chlorure de sodium (du sel de table), combiné au nitrate d’argent, forme du chlorure d’argent, qui devient noir à la lumière. Il arrive à produire des dessins photogéniques. Mais c’est uniquement en 1835 qu’il commence à l’appliquer à la photographie à l’aide d’une camera obscura.

Pour cela, il utilise du “papier de qualité” (du papier à dessin ou à lettre), qu’il met à flotter dans une solution de chlorure de sodium pendant quelques minutes. Une fois fait, ces feuilles sont mises à sécher le temps de quelques heures. Enfin, vient l’étape de la sensibilisation. La face salée des feuilles est badigeonnée de nitrate d’argent, ce qui a pour effet de créer du chlorure d’argent à sa surface. Et donc de la rendre sensible à la lumière. Dès lors, toutes les parties du papier exposées deviendront noires.

Une fois placée dans une caméra obscura, il arrive à obtenir, à l’aide de papier salé, quelques photographies négatives après de longues heures d’exposition. Malheureusement, comme pour ses dessins photogéniques, ceux-ci continuent de s’assombrir une fois la photographie prise, quand ils sont exposés à la lumière.

Intérieur de Lacock Abbey
William Henry Fox Talbot – 1835
(ici montrée sous forme positive)

Il parvient, en 1835, à fixer en partie son papier salé. En rinçant les feuilles exposées à grande eau ou dans une solution de chlorure de sodium, il remarque que son papier est beaucoup moins sensible à la lumière. Cela a pour effet d’éliminer les chlorures d’argent non exposés. Malgré tout, c’est insuffisant et le papier reste légèrement sensible à la lumière. Il peut alors être observé uniquement à la bougie et ne doit pas être trop exposé à la lumière du jour.

Pour permettre au papier de ne plus être réactif une fois la forme voulue révélée, en 1839, John Herschel, autre pionné de la photographie, lui indique que le thiosulfate de sodium (nommé à cette époque hyposulfite de sodium) permet de dissoudre les restes de chlorures d’argent qui n’ont pas réagit à la lumière. Dès lors, il était possible de fixer une image créée sur du papier salé pour la désensibiliser. Malgré tout, cette image restait, pour l’instant, uniquement un négatif. Il faudra attendre l’aboutissement de ses recherches sur le Calotype l’année suivante pour en voir l’image positive. Mais ça, c’est pour un prochain article !

La colonne Nelson en construction
Trafalgar Square, Londres
Henry Fox Talbot, 1843

Fabriquer du papier salé à la maison ?

La fabrication du papier salé est relativement simple et certaines personnes en font encore de nos jours. Il permet soit, comme Talbot, de créer des empreintes de plantes ou d’objets. Ou alors, à l’aide d’un négatif de grande taille, d’en créer un tirage positif. C’est une expérience parfois effectuée dans les lycées ou les musées afin d’initier les jeunes aux anciennes pratiques photographiques.

Malgré la pollution due au nitrate d’argent utilisé, de nombreuses recettes existent pour produire des images à l’aide de cette technique. Néanmoins, elle utilise des produits dangereux, si cette technique peut être faite chez-soi prenez tout de même quelques précautions. Ne laissez pas un enfant reproduire cette expérience seul. Sachez tout de même que le coût du nitrate d’argent est important, de 30 à plus de 100€ les 10g suivant sa qualité (de quoi faire 6 à 10 feuilles A4).

Avertissements

ATTENTION : La recette du papier salé nécessite et produit des éléments dangereux

  • Le nitrate d’argent est un produit corrosif, irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Il est toxique pour l’homme et l’environnement. Son ingestion peut entraîner la mort.
  • Le thiosulfate de sodium est un produit irritant pour la peau, les yeux, et les voies respiratoires.
  • Le chlorure d’argent formé dans l’expérience, et dissout par le thiosulfate de sodium à l’étape de fixation, est corrosif, irritant pour la peau, les yeux, et les voies respiratoires, de plus, il est toxique pour l’homme et l’environnement.

En cas de maux de tête ou de difficulté respiratoire durant l’expérience, emmenez immédiatement la personne à l’air libre et aérez la pièce

Ces produits sont dangereux pour l’homme comme pour l’environnement, il ne faut EN AUCUN CAS les jeter, eux, ou leur eau de rinçage, à l’évier ou dans la nature. Stockez-les dans des bouteilles vides ou des bidons avant de les étiqueter (notez le(s) produit(s) utilisé(s)). Enfin, déposez-les à votre déchetterie locale, elle s’occupera de les trier pour que ces derniers soient retraités.


Bien que cette méthode ne soit ni la plus dangereuse ni la plus polluante, j’ai pris la décision de ne pas donner la recette du papier salé sur ce site. Et ce, principalement à cause de ses risques pour la santé et pour l’environnement. Malgré tout, elle est trouvable un peu partout sur internet. Si vous la faites, restez prudents et munissez vous de gants et de lunettes de protection.

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  1. Bonjour, avec l’anthotype pas besoin de produits chimiques puisque qu’on utilise le jus des feuilles ou fruits comme révélateur. Le temps de pose derrière une vître au soleil est plus long mais beaucoup plus ludique et économique.